un village cantalou


 


L'actualité victorienne ayant été assez agitée en 2014, ce blog avait été mis en stand-by, dans l'attente de jours meilleurs.
 
Deux pénibles évènement ont en effet marqué la vie de la commune de Saint Victor.
 
 
 
 
"parmi tes vrais amis, ont mêlé quelques traitres" Corneille.
 
Le premier évènement, une affaire post-électorale qui tiendrait du clochemerle ou du Pagnol si elle n'avait des conséquences tragiques. A l'origine, 23 candidats aux municipales pour 94 électeurs, ce qui fait déjà rire jaune, car cette inflation de candidats révélait plus des intentions de nuire à tel ou tel, chacun choisissant son ennemi, qu'à servir la communauté locale. Au terme du deuxième tour, la première liste remporte 10 sièges, l'opposition 1 siège. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
 
Mais pas du tout. Car des manœuvres souterraines se trament le long des routes, des conciliabules se tiennent à la nuit tombante dans les hameaux reculés. Un nouvel élu brouille les cartes pour prendre à l'arraché la place de maire, contre le candidat légitime, celui qui avait mené la liste à la victoire en étant tête de liste. L'histoire est classique, elle est vieille comme le monde: pour l'appât d'une position, des hommes renient leurs amitiés, leurs engagements, et piétinent la fidélité. Ils promettent la lune, et il se trouve des personnes assez naïves pour les croire. A la fin, on ne sait plus d'ailleurs qui dupe qui, et qui est otage de qui.
 
Toujours est il que la commune vit depuis un an et demi un psychodrame: d'un coté, ceux qui ont pris le pouvoir en trahissant leurs engagements,  et de l'autre ceux qui sont restés fidèles aux leurs. Mais quel pouvoir? C'est là qu'il faut rappeler les enjeux: Saint Victor est une commune de 110 habitants, en comptant large. La place de maire est plus à couper les ronces des chemins, à descendre dans les fosses pour réparer les canalisations d'eau, à vider les poubelles, et plus globalement à faciliter la vie des habitants, qu'à prétendre se donner des airs pour impressionner la galerie. Et l'erreur de casting est grave, car depuis 2014, Saint Victor vit un cauchemar. Les uns sont dressés contre les autres, les routes ne sont plus entretenues (celle descendant vers Saint Victor est arrachée). Pire encore, un arbre a été volontairement scié en travers de la route, comme dans les western, des voitures ont été lacérées sur un parking municipal à l'occasion d'une fête familiale, des menaces verbales et physiques ont été proférées à l'encontre des conseillers municipaux qui sont restés fidèles à leurs engagements.
 
Pour réussir un coup pareil en 2014, la recette est simple. Il faut d'abord dire que les prédécesseurs étaient des incapables, cela marche toujours. Faire circuler des bruits calomnieux, plus c'est gros, plus ça passe. Beaucoup promettre, c'est faire entrer la part de rêve dans des esprits malléables. Et mettre ces mots magiques à toutes les sauces: la république, la démocratie, le respect de la loi, cela impressionne.
 
Et voilà une commune jusqu'alors paisible, de plus sans endettement, fait assez rare et exemplaire en France, qui est devenue la farce du département et qui est en train de perdre tous les jours de l'argent à cause d'ambitions villageoises.
 
 
Un malheur n'arrive jamais seul
 
C'est dans ce climat empoisonné qu'est arrivée une deuxième tuile en 2014, et là où on ne l'attendait vraiment pas. On a plusieurs fois parlé ici du pèlerinage de Saint Victor, fondé au XVIIème siècle, puis repris en 1913, dont le centenaire avait été fêté en 2013, dans la joie et l'amitié.
 
Pas de pèlerinage en 2014. Que s'est-il passé? A vrai dire, on n'en sait rien. Les certitudes sont les suivantes. En 1913, des habitants font le vœu de relancer le pèlerinage à Notre Dame des Sept Douleurs. Le pèlerinage aura lieu sans interruption de 1913 à 2013, malgré deux guerres mondiales, malgré la perte considérable de population. Et voilà que quelques semaines avant la date habituelle, le troisième dimanche de septembre, le bruit court qu'il est supprimé. Il semblerait qu'à la faveur d'un intérim paroissial, des personnes n'aimant pas trop les pèlerinages ruraux aient décidé d'office de supprimer celui de Saint Victor.
 
Localement, l'affaire passait mal, avec un sentiment d'abandon. Aussi des formules de substitution avaient-elles été trouvées, qui permettaient de maintenir le Pèlerinage de 2014. Elles ne gênaient personne et rendaient service à tous. Mais du côté de La Roquebrou, tout fut fait pour maintenir la suppression. C'est le problème de ces paroisses gigantesques, où quelques personnes décident à la place des paroissiens, sans tenir aucun compte du principe de subsidiarité pourtant cher à l'Eglise de France. Déjà dans le passé, il y avait eu des menaces de suppression, mais alors les maires de Saint Victor étaient monté au créneau pour défendre leur patrimoine culturel et spirituel, puisque le pèlerinage est la seule activité emblématique qui se passe dans la commune, et tout était rentré dans l'ordre. Ce ne fut pas le cas en 2014.
 
Le Pèlerinage n'a donc pas eu lieu en 2014. Mais le plus émouvant, c'est que des pèlerins sont quand même venus prier sur le Rocher le 3ème dimanche de septembre 2014, y compris de fort loin, par fidélité au vœu de 1913. Donc on peut dire que le Pèlerinage de Saint Victor s'est fait dans les cœurs, ce qui est le plus important.
 
Pourtant, dans ce climat le plus défavorable qu'on puisse imaginer, l'espérance renait, d'une manière totalement imprévue...
 
A suivre