un château disparu



"La seigneurie de Saint Victor était en 1251 à Durand de Montal, seigneur de La Roquebrou. Il en fit hommage cette année au comte de Rodez. Elle fut donnée en fief par lui à la famille de Selves, et, en 1281, Pierre chevalier, et Bernard de Selves, seigneurs de Saint Victor, furent, l'un arbitre et l'autre témoin de la charte accordée aux habitants de La Roquebrou par le seigneur de Montal.

La famille de Prallat, et, plus tard, celle de Jugeals de Peyrac de Veillan, succédèrent à celle de Selves dans la possession de Saint Victor.
La famille de Prallat tire son origine du château de Prallat, aujourd'hui détruit, et qui était situé sur le ruisseau du même nom, dans la commune de Saint Victor. Jacques de Prallat était coseigneur de Poul, commune d'Arnac, en 1329, et Jean de Prallat en 1408. On a vu comment le chateau de poul fut saisi sur le seigneur de Prallat par le baron de Montal en 1470.

La famille de Prallat paraît avoir fait alliance avec celle de Veillan et avoir possédé par la suite le château de Veillan, comune de Saint Illide, dans le courant du XVII° siècle. En 1602, Louise de Prallat épouse Mercule de Jugeals de Peyrac, et lui porta les terres de la Bontat, Veillan, Bassignac, etc. On trouve néanmoins après cette époque Antoine de Prallat, seigneur de Saint Victor et de Gorces, qui fut maintenu dans la noblesse en 1666, et servit avec distinction sous Louis XIV; il fut fait Gentilhomme de la Chambre le 5 avril 1647. La famille de Prallat s'éteignit, et la terre de Saint Victor passa définitivement à la famille de Jugeals de Peyrac de Veillan.
Cette famille paraît être originaire de la Vicomté de Turenne, dans le Bas-Limousin. On découvre des traces de son existence dès l’an 1180. Elle a rpouvé sa filiation devant M. de Fortia, Intendant d’Auvergne, à dater de N. de Jugeals de Peyrac, damoiseau, qui vivait en 1365.
En 1402, Etienne de Jugeals de Peyrac commandait le ban et l’arrière ban du Limousin; il était marié avec Antoinette de Pleaux."

Extrait: Dictionnaire Statistique du Département du Cantal, 1824

un village fantôme



Dire qu'un lieu du Cantal est au bout du monde participe aux légendes locales: ils sont si nombreux, ces bouts du monde, que la Haute Auvergne est un boulevard des endroits inaccessibles.

A Saint Victor, on est dans le vrai. Il faut traverser des bois coupés, des vallées étroites et inhabitées, traverser plusieurs fois des ruisseaux, pour arriver au pied de la colline, sans bien savoir où l'on est ni où l'on va. La montée se fait à pied jusqu'à un village fantôme, avec quatre maisons au pied d'une petite église d'origine romane.


Pompeusement baptisé le "site" de Saint Victor, le lieu dégage une impression étrange, avec un paysage qui d'année en année se ferme avec la poussée des bois. Vu de l'est, le village est suspendu au dessus du rocher, conforté par d'anciennes terrasses délabrées, rompues par la poussée des chênes.

Saint Victor est un des lieux les plus émouvants et mystérieux du Cantal. On est au coeur d'un village, avec plus de morts au petit cimetière qui entoure l'église, que d'habitants dans les maisons qui ceinturent le rocher.